Il y avait l’enfant… En elle
Il y avait l’enfant dont les yeux exaltaient
Les brumes du matin qui perlent de rosée,
L’eau, la terre, la lune et les cieux étoilés,
Les orages du soir qui zèbrent les nuées…
L’enfant qui est en elle, chaque instant on l’éveille,
En sursauts, sous des coups de tranchoirs, perce-oreilles,
Tortures, où les cicatrices-cauchemars
Sont triturés à blanc, comme coups de poignard.
Il y avait l’enfant dont le cœur attendait
Des père, mère, sœurs, des frères, d’un ami,
Des mots qui font aimer, d’autres qui font chanter,
Et des coeurs enlacés au gré de l’infini…
Elle est là, la Poucette, et pourtant elle rêve
à l’enfant, mains tendues, nus vers les pommes d’Ève,
Musardant sur des nues et des soleils levants,
En attrapant les raies, faisant papillon blanc.
Il y avait l’enfant dont la vie l'appelait
à l'aventure du grand large, à l'horizon
Du beau, du bien, du vrai et de la liberté,
En quête de partage avec des compagnons…
L’enfant qui est en elle, et, là, sous chloroforme,
On l’épingle pour ne pas en perdre les formes,
Lui arrache les ailes, et les lèvres encor :
Elle crie "Au secours" à son amie, la mort…
Il y avait l’enfant… Mais qui parle d’enfant ?
Dans son rêve, il fait mal ; dans ses espoirs, il pleut !
Sache qu'aujourd'hui c'est déjà demain, mon grand :
Ouvre-toi à l’amour, que tu sois jeune ou vieux !
