Une rose, à vêtir…
Une rose, en le cœur mutilé de l’enfant
Qu’on a désespéré en le voulant trop grand,
Une rose des sables, la petite Poucette,
Des cailloux plein les poches, rêve de galipettes…
"Puisque tu es l’aînée, t’occupe de tes sœurs,
Tais-toi et marche droit, ne montre pas tes peurs,
Et puisque c’est à toi qu’on achète les neuves
Robes et les chaussures… à tes sœurs, comme preuve
D’équité, des poupées, et des droits de jouer,
Et même de salir tes effets usagés :
Elles en ont l’usure, et tu grandis si vite ;
Et cesse d’ergoter ; ne fait pas l’hypocrite !
"Cesse donc ces jeux, avec tes trois aînés,
De grimper tout partout comme un garçon manqué !
Une fille est toujours, quelque part, une mère :
Bagarres, jeux de billes, laisse-les à tes frères !
Et va voir la fratrie ; leur prépare à goûter,
Empêche les petits de tout laisser traîner ;
Les grands, de faire mal : Tu es la responsable ;
Et sache être à l’écoute et te montrer aimable !
En sclérose des sens, rose vit au désert,
En quête d’insouciance, enfance à découvert :
Peut-être, au Petit Prince, la petite Poucette,
Mise en rose des vents, se vêtira de fête…