Doucement la nuit descend sur la plaine endormie, La bise glaciale hurle tel un loup en colère. L'enfant aux yeux verts au fond de son lit est blottie La peur en elle est plus forte que le froid de l'hiver.
Autour de la maison comme des fantômes en furie, Des arbres décharnés s'agitent sombres et austères. Elle est seule, ses yeux verts fixent une photo jaunie, Ses doigts se ferment en une prière.
Sous le linceul blanc la terre gelée et durcie, Stérile de toute vie ne forme plus qu'un désert. La petite a pleuré lorsque sa maman est partie, Pourquoi l'a t-elle laissée si seule avec son père ?
Tant de saisons sont passées témoins de cette infamie, L'hiver, la nuit, le froid n'est d'égal à ce calvaire Que la fillette subit à l'aurore de sa vie, Chaque soir elle entend ce pas qui la désespère.
Tel un prédateur chez lui tout ne transpire qu'envie Devant cette enfant qui est le portrait de sa mère. Comme elle, elle lui appartient, elle est si jolie, Il est l'homme, elle a juste le droit de se taire.
Lorsqu'enfin il quitte le lit laissant l'enfant meurtrie, Il n'a aucun remord de l'avoir menée en enfer. La source de ses larmes sera à jamais tarie, Plus rien ne pourra faire pleurer l'enfant aux yeux verts.