Mon œil est un affreux et morne marécage Où se mêlent conjoints la boue l’herbe et le sang Où tout est triste et terne angoissé angoissant Morne affreux est mon œil sanglant champ de saccage
Mon corps est sans attrait banal épouvantail Indifférant parfois effrayant les oiselles Trop commun ou trop laid pour être observé d’elles Sans attrait est mon corps vierge champ de bataille
Mon âme est sans soleil de brouillard et de bruine Tout le jour il y pleut il fait noir on y voit Goutte ni gouttelette et la nuit on s’y noie Sans soleil est mon âme désolé champ de ruines
Ma vie est un désert sans couleur délavée Insipide où le pleutre et lamentable espoir Dans sa cage est tapi comme un monstre de foire Ô désert de ma vie ô bleu champ de navets