C’est deux corps érodés par les larmes du temps Qui font baisser les yeux des honnêtes passants. Deux semblants de nulle part arrachés à l’enfance Par un rêve de jouvence qui passe aux aveux.
C’est Ronsart et l’objet de ses plus beaux sonnets, Deux gamins en goguette aux grands yeux étonnés, Qui caressent du pied les trottoirs de Paris, Et sourient aux moqueurs qui les trouvent un peu vieux.
C’est la main dans la main qu’ils s’en vont souriants, Sous les ponts du faubourg où galopent les ans. Il fait froid, ils s’assoient. La nuit qui s’avance De poussière d’étoile a couvert leurs cheveux.
Mais le vent froid du nord ne les fait frissonner, Sur un grand drapeau clair, quelques mots griffonnés ; Vers les soleils éteints de leurs pupilles sans vie, Vois l’ultime coursier s’enfoncer dans leurs yeux.
« C’est l’hiver mon amour. La saison sans retour A gravé sur nos cœurs, Tant de rires et de pleurs, Que le soir nous est doux. »