Les mêmes gens sont encore là Valises de soucis sur la tête Les mêmes foules un peu plus lasses Lasses et qui jamais ne s'arrêtent
Et que ça grouille et que ça se presse Dans l'a-gadoue des chiffres austères Du temps du temps que rien ne cesse Avec leurs piteux souvenirs de guerres
Mais la statue n'a plus de bras C'est un poilu de l'an patapon Il a la bouche ouverte et braille Des pigeons gris à l'oeil tout rond
Les mêmes foules, foulards, boutons Impers, manteaux, impersonnel C'est clignotant passez piétons Foulards chapeaux chaussures dentelles
J'en ai marre d'être du voyage Vous me traînez vous me croisez Vous m'écrasez sous vos bagages Je suis pavé je suis souliers
Les mêmes yeux volent partout Comme les oiseaux fous du roman Me voyez vous me voyez vous Mais il n'y a plus rien du présent
Les mêmes gens les mêmes fleurs Font au passé un labyrinthe Qui nous ramènent aux même heures Aux mêmes peines aux mêmes craintes
Quand leurs valises ne bougent plus C'est qu'ils se sont couchés dedans Avec des soucis plastiques dessus Et moi je vois passer le vent!