«En face de moi, dix huit ans Une large plaie sur la joue. Il parlait tout en rangeant Son couteau le rendait fou ». Conte-moi ton histoire La nuit est devant nous. Qu’as-tu ramené à boire Dit-il pour enfoncer le clou. Tout même un poulet pour toi Cigarettes et café pour moi. » Silencieux, j’allumais une Je lui tendais tout le paquet En regardant la lune Il m’offrit ce triste bouquet :
Mon père est un assassin Il savait ce qu’il faisait. N’ayant rien dans la main Il pouvait bien me refuser.
Ma mère est un bourreau Elle tenait à sa sécurité. Le dos courbé sur le seau Elle lui a juré « fidélité ».
Deux décideurs complices Seul et malheureux, je glisse Impuissant, vers mon supplice Grisailles et ténèbres du vice.
Deux, héritiers de l’oubli Solitaire, je traîne l’ennui Fatigué, j’hume ce qui fuit J’ai déjà déposé la vie.
Me voilà avec le temps De rues en rues, marchant Pour l’avenir, il faut un plan SDF, hiver comme printemps.
De porte en porte, me voilà Un jour ici, un jour là-bas Tout reste aux fils à papa Le comble, je n’en n’ai pas.
Sous la pluie, dans le noir Je surveille pour m’asseoir Ce coin devant les vidoirs Sombre, il faut me croire.
Ne fouiller pas mon cœur Que de haine, point de peur Abandonné, violent bâfreur Je ne contrôle plus ma fureur.