Algérie terre de silence Lieux dérobés à ma mémoire A naître bourgeon d’une souche sans nom Au flanc des cités une fêlure d’âme Tourmente une obsession de traces Née coupable d’un désir avorté Souffrante souillure dans un miroir A l’état civil humiliation Brûlure au visage sur ma peau La nausée du raton avec en toile de fond La détresse de l’abandon Maghreb Ma menace mon désert mon exil intérieur Le cours des journées vaines tisse la trame de l’ennui
Sinistre en mer la tempête est du voyage La pluie plombe la Méditerranée Le vent souffle le rappel des réfugiés Entre ciel et eau un tumulte d’émotions La morsure des embruns la fureur des flots L’infini de l’horizon au plus profond Le repos des brumes dissipe les ténèbres Le relief déchiqueté annonce le contentieux Un monde deux sexes une face indigne Recouvre l’impudeur d’un voile Au morne du regard le lamento des femmes Roule au paroxysme les hanches déchirées Fille et déjà suspecte échouée au port
La frontière est à quai au cordon de police Les ordres claquent la foule est hostile La révolte gronde dans la ville L’effroi des armes amplifie le malaise En miasmes les souvenirs collent Au lugubre des façades les rafles Dans les rues l’air vicié du temps à tuer L’attente prolonge le rendez vous manqué De la famille éconduite du pays Hier nostalgie aujourd’hui présence Viol des regards qui dévisagent jusqu’à possession Tempère de réserve l’ardeur de l’arrivée En visite pour la première fois