A l'aube de sa naissance L'homme pensa l’Être, Et médita sur l'existence Il écarquilla curieusement ses yeux Pour saisir ce monde merveilleux ; Pour s'élever au rang d'un dieu.
Une grosse inquiétude s'empara de lui, Née de la complexité de ce qu'il voit et juge, Il s'innocenta et signa tôt sa faiblesse Aux dieux, maîtres de l'univers, qu'il créa Pour se dépêtrer de cette peur qui grandit, Pour combattre les spectres de l'inconnu.
Avec son intelligence qui s'épanouit Sur les séquelles de sa crainte infinie, Il relâcha son cœur et privilégia son esprit Il pensa l'humain puis le mondain Il édifia le savoir et le pouvoir ; Qui l'ont propulsé vers la gloire L'homme se flatte, se... déifie L'univers est désormais vaincu.
Néanmoins, la multitude des images, Le flot perpétuel des formes, La diversité des voluptés de l’Être Prononcèrent tragiquement le divorce Entre son œil et sa cervelle ; L'homme s'inquiéta de nouveau, Il relança sa conquête d'antan Pour se trouver enfin Dans un éternel va-et-vient Le monde est étrange, L'absolu est insaisissable, La Raison s'aventurera sans cesse.