Je marche vainement et je vois Dans un monde frappé de cécité Mes regards errent mille fois Sur ces couleurs aveugles des cités Sur ces yeux remplis du froid Tous les temps et même l'été.
Je parle peureusement et j'entends Dans un monde dépourvu de l'ouïe Mes discours ne sont guère contents; Ils sont à perpétuité écroués Dans un gouffre sourd, il y a longtemps Où tous les cris deviennent enroués.
Je compatis inutilement et je ressens Dans un monde dangereusement insensible Tournant le dos à tous les soucis décents C'est un amas de chairs d'airain impassible, Qui, par son hiver, fouette tout sentiment innocent Et transforme tout brave cœur en anodin disciple.
Je cure mes maux continûment sans réponse Dans ce monde avide de fortune et de richesse Mon espoir use vainement toutes ses dépenses Recherchant un remède synonyme de jeunesse Pour enterrer sa douleur et signer sa délivrance Des toubibs ne songeant qu'à soigner leurs caisses.