Depuis mon enfance qui ne savait pas Tu m'ordonnais à danser sur les bercements Des airs de tes vieilles chansons soufflées Par des gueules fétides d'un orchestre désuet Qui ne fait que désenchanter les audiences, Qui, depuis, fuient tes œuvres, tes navets.
Depuis mon enfance qui ne savait pas Tu m'apprenais toujours à croire Aux saveurs de tes fruits immatures, Au soleil qui émane des tombes chenues De tes libérateurs vaillants d'autrefois Au point de me vanter de ton nom En l'écrivant fièrement sur les terres et parois D'un autre asile dont je regrette l'abandon Pour mon brillant parcours sur tes bancs Pour ton éphémère charme envoûtant Qui avait ébloui tant de cœurs crédules.
Depuis mon enfance qui ne savait pas Je suis grandi dans ton giron étourdissant Je suis revenu de mon long évanouissement Pour saisir tardivement tes pseudo-gloires Fondées sur de futures vérités poignantes Sur une terre où ta progéniture se bat, se ronge.
Depuis mon innocence qui ne savait pas Tu as achevé froidement tout mon talent Sur mes labeurs évincés de ton paradis promis Pour en faire un regrettable ouvrage de remords Que je compulse avant chaque sommeil Moi qui t'avais aimée, qui t'avais choyée Moi qui aurais pu m'épargner de ton bruit, De tes interminables clameurs. Si jeunesse… savait.