Déchirures
Ô mon âme, ô ma ville,
Toi qui m'as vue naître, toi qui m'as vue grandir
Tu as bercé mes nuits, protégée des soucis,
Auprès de mes amis, le bonheur infini !
Ô mon âme, ô ma ville,
Tu t'es fait ma complice de ces années câlines,
Où l'insouciance d'une enfance sans cri
Apporte joie, bonheur, euphorie.
Ô mon âme, ô ma ville,
Que sont-ils devenus mes quartiers si tranquilles,
Où par un mot gentil chacun trouvait sourires ?
Car rien n'était tabou, surtout pas l'avenir !
Ô mon âme, ô ma ville,
Voulant te faire jolie, ils font tomber ces ruines
Où tant de souvenirs peuplent mes jours, mes nuits.
Voulant te faire jolie, ils détruisent ma vie,
Piétinent sans souci un reste de survie,
Ressentant comme un viol, ô mon âme, ô ma ville !
Ô mon âme, ô ma ville,
Certes tu embellis, mais tu n'es plus ma ville,
Mes amis sont partis poursuivant leurs folies,
De trouver ailleurs et sans doute loin d'ici
Ces fabriques qui font vivre toute leur famille.
Ô mon âme, ô ma ville,
Certes tu embellis, mais je me sens trahie
Par celle qui m'a vue naître et qui m'a vue grandir.
J'ai perdu mes repères et je préfère partir
Plutôt que de souffrir dans ma chair toute la vie.
Ô mon âme, ô ma ville - je te quitte !
Nadine VISTE (25 juin 1998)