TU SERAS MON PLUS JOLI POEME
Je ne me souviens plus des premiers mots échangés.
Ils n’ont pas d’importance, les enfants savent s’adapter.
Ni ceux de nos parents, les grands c’est différent,
Ça porte sur le temps, la rentrée, les enfants.
Les enfants en question, c’était toi, c’était moi,
Deux fillettes du même âge habitant à deux pas
D’un univers qui devint le nôtre, rempli de rêves,
Mais aussi de bonheur, de rires, de tendresse.
Notre univers n’avait nulle frontière.
Notre univers, C’était…
La rue caillouteuse de l’époque, ses trottoirs déformés
Les pompettes qui, généreuses, offraient « Ô de pluie »
Rassemblant ménagères caquetant et ouailles « guerrières ».
Notre univers, C’était…
La pierre bleue de notre vieille voisine,
Siège social de nos jeux ou comptines.
Notre univers, C’était…
Notre première école, découvertes imagées
Chantées, dansées, tressées et colorées.
Notre univers, C’était…
L’ère plus sérieuse de la primaire
Au rythme, non pas austère, juste plus sévère.
Leçons, devoirs n’entravaient pas nos rêves.
La vie s’offrait à nous prometteuse de bien-être
Dans un monde où confiance rimait avec sagesse.
Nous avions pris place dans le train de la vie.
Côte à côte, nous suivions une direction identique.
Mais, c’était sans compter sur un autre avenir,
Celui de parents frappés brutalement d’un besoin d’évasion.
C’est ainsi qu’à l’aube de tes 12 ans, ce fut la séparation,
Et sans comprendre le présent, nous repoussions cette décisi
Consternées, nous devions nous rendre à l’évidence
Que nos chemins ici se séparaient, mais pas à jamais.
De deux amies nous devînmes deux sœurs
Qui se promirent de rester en contact quoiqu’il arrive.
C’est ce que nous fîmes pendant 35 ans.
35 années où nous avons échangé et tout partagé
Nos joies, nos peines, tout se qui tient à cœur.
Confidente de la vie jusqu’à cette terrible maladie !
C’est elle qui finalement nous aura séparées !
C’est elle qui a eu raison de tes plus belles années !
C’est elle qui t’a emportée vers ce monde meilleur !
C’est elle qui me prive de ma Petite Sœur !
Mon chagrin est indescriptible,
Tu me manques, tu me manques, c’est terrible !
Plus d’enveloppes blanches, plus de coups de fils,
Plus de repères, il ne reste qu’un grand vide !
Chaque jour je pense à toi.
Du fond de mon cœur, tu es mon livre secret.
Je t’avais promis, souviens-toi,
Que tu serais, et tu es, mon plus joli poème.
Nadine Viste (30 décembre 2002)