Je regarde souvent les photographies Sur papier craquelé aujourd’hui jauni Reflétant des visages d’êtres que je n’ai pas connus Car voici trop longtemps, hélas, qu’ils ont disparu.
J’aime à imaginer la douceur d’une peau Qui jamais ne connaîtra de rides, Jamais ne recevra mes baisers-cadeaux, Qu’une joue offre toujours aux heures câlines.
De tout temps, la voix fut pour moi une intrigue. Dès la naissance j’ai hâte de savoir si ce bébé aura Le timbre haut, net, doux ou tout simplement irrésistible ? De vous, je ne connaîtrai jamais le son qui me cause émoi.
Sans le savoir, enfant, vous m’avez manqué. Mais aujourd’hui je sais que j’ai souvent rêvé De la chaleur de nos étreintes, De ces cajoleries qui n’ont de fin, De la douceur d’un attachement Qui unit les petits-enfants aux grands-parents.
Ni de ma mère, ni de mon père je n’aurai eu Cet humble bonheur de pouvoir simplement Partager cet amour filial, nous mignoter, nous choyer. Seules les photographies Et le récit de quelques anecdotes vécues Ont cimenté à notre insu ce lien me permettant, De vous parler, de vous aimer par delà l’éternité.
10 septembre 2003 A mes grands-parents que je n’ai jamais connus.