Un jour sous l'arc en ciel La subtile lueur Un laurier excentrique Avide de sa grandeur Dit à sa sœur l'iris Aux pétales de candeur :
"Vois moi petite iris Ta menue taille me fait douleur Vert même en hiver Je garde ma couleur On m'appelle l'immortel Ma renommée s'étend jusqu'aux syriennes senteurs De mes branches se couronnent Poètes, sages et vainqueurs Tous cherchent de moi mérite Me font toutes faveurs Ne penses tu pas que je suis digne Du titre de grand empereur ?"
La belle messagère lui dit avec douceur :
"Majestueuse est ta pousse Tu côtoies les hauteurs Mais ton épais feuillage Ne laisse pénétrer le soleil en ton cœur Ne redoutes tu pas que grâce Devienne humide froideur Si tu ne tempères Tes ardeurs et tes mœurs Que ton tronc pourrisse Sous le poids des honneurs Et que de l'immuable Tu comptes maintenant les heures !"
Point de suite tragique A cette parole de fleur Car le vent pousse vers l'abime Celui qui n'écoute point la leçon de sa sœur.