Les amis qui s'éloignent las de ne pas saisir Les raisons apparentes des détresses qui sont miennes. La famille qu'on évite pour ne pas lui mentir Et dans un piètre élan lui éviter les peines.
Car les mots par pudeur qui ne jamais s'expriment M'emprisonnent en deçà de mes indifférences, De mes moindres défauts que toujours tu ranimes : Les éloges quotidiens de toutes mes défaillances.
Car cette dépendance que tu dis dénoncer Et cet isolement que tu penses décrier, Ne sont que le miroir de tes desseins cachés Et l'envers du décor de tes actes manqués :
Quand de tes hurlements tu nourris mes terreurs, Quand de tes exigences tu absorbes mes heures, Pour que à tes passions seulement tu te consacres, Pour que de tes désirs uniquement tu sacres.
Une porte qui grince, tes pas dans l'escalier Et déjà en pensée je protège mon visage Et déjà de mon âme je ferme la porte à clef Et déjà de mes rêves je crée d'autres mirages
Trop souvent j'ai vécu de ces instants maudits, Où tu tenais des mains le souffle de ma vie. Trop de fois tes menaces ont celés mes envies, En n'ouvrant devant moi que les voies de l'oubli.
Tes cris sur mes silences qui toujours t'exaspèrent Ne sont à mes oreilles que des sons éphémères, Même s'il ne me reste comme seule richesse, Que les mots de mon cœur qu'à d'autres ailleurs j'adresse
Sache bien que tes coups qui provoquent ma fuite, Sache que cette haine qui tout entier t'habite, N'arriveront jamais à tacher mes espoirs, Ni à éteindre en moi tout ce qui n'est pas noir.