Il est des jours où mon âme se plonge Dans un profond abysse au milieu des ténèbres. Des instants malfaisants où toute chose me ronge Où la moindre lumière se transforme en poussière. Nuls propos échangés dans la douceur de l'âtre, Nul baiser, nulle caresse, nul serment murmuré, Ne fournissent à mon cœur les armes pour combattre. Qu'il est bien plus aisé son amour déclamer Que de laisser paraître les marques de la tristesse ! Qu'il est bien plus facile de crier sa colère Que des noires détresses dévoiler les faiblesses, Et d'afficher sourire pour se donner matière !
Il est des jours où mon âme se penche Sur un passé lointain remplit d'incertitudes. Des instants malfaisants qu'aucune soif n'étanche Où pour ne pas sombrer on fuit la solitude. Mais l'on a beau montrer une surface lisse, Dans le moindre interstice se glisse une cicatrice. Et chaque son susurré crisse comme un supplice Où des scies assassines du jour se saisissent. J'esquive... De parole en regard je renvoie les questions, Je m'efforce de n'être qu'un simple reflet, Je me noie dans le flot d'autres conversations Où d'un bel étranger je reçois les secrets.
Il est des jours où mon âme se perd Vers un chemin pavé de tes amères froideurs. Des instants malfaisants où aucun de mes vers Ne peut combler tes doutes ou bien panser tes peurs. Quand les éclats de rage je ne peux concevoir Et que de tes attentes je ne peux deviner, Les reproches voilés qui blessent les espoirs Viennent frôler ma conscience d'un oubli de clarté. Mes lèvres se délectent sans fin à ton calice Et s'il est d'autres coupes et tant d'autres nectars Que sur la trame, des toiles par ailleurs se tissent Rien ne peut supplanter la flamme de ton regard.