Sur le fil du gouffre Aspirée par le cercle Siphon de la mémoire Je me noie La cascade en floraison de mots S’insinue dans les rides profondes De ma peau translucide Le vent a emporté mes songes Dispersé au Hasard le sel de mes cheveux Un oiseau picore une à une les voyelles Mélangeant leur couleur à sa source Je suis la vieille qui a perdu le sens Je crache sur l’œil du jour Embrasse-moi Ô Lierre Poursuit l’étreinte délirante La lueur entrevue me dissuade de l’ici Mon misérable tronc guerroie dans la tempête Et les nœuds de mes doigts En tremblant se fissurent Je suis l’arbre arthritique Je soulève la poussière rouge Danse l’errance primitive Ris à la barbe des Dieux Éructe Bave Gronde Gémis Je chavire la bouilloire intime Ô Volcan Fossilise ma pensée marine Mais toujours Un autre jour Vient Je suis la dentelle grenade Que le temps a tissé Je ne trouve plus le fil Pour tout détricoter Ni les baisers du chat Ni les larmes du puits Ne peuvent désaltérer Mon âme crevassée La beauté a quitté le bleu de mon iris Je suis la vieille L’oubliée