Les mots à nos bouches sont comme des parfums farouches Ecoute ! Derrière eux se cache tout un monde d'odeurs Qui rient ou qui pleurent ou s'en vont En laissant de drôles de senteurs
Les mots qui dévoilent ou cachent ou suggèrent Les mots ont de sauvages mystères
Tu pries et voilà qu'ils s'élèvent sourdement Jusqu'aux étoiles qui les recueillent comme un chant
Tu cries et voilà qu'ils tombent avec fracas Sur la terre et sa misère, révolte infirme d'une voix
Les mots à nos bouches sont comme des parfums qui s'ouvrent Ecoute ! Souvent ils nous devancent à notre insu Et se bousculent et culbutent notre voix En partance vers des lieux obtus
Tu parles et c'est un monde qui s'ouvre Aux chemins multiples et soudains, riches de destins
Tu te tais mais je t'entends encore Silence bruissant de paroles Curieuses vibrances de ton coeur tout en cordes
Oui, les mots souvent ont leur vie propre Comme un sens de plus posé sur nos voix Qui au hasard de leurs caprices nous portent si fort Ou en l'air s'évaporent