Vous conterai-je un jour ce que vit mon étrave, En vaisseau du désert, sur la route des Indes Lorsqu’au loin terre et ciel à l’horizon se scindent, Pour libérer mes nuits de leur mortelle entrave.
Vous conduirai-je un jour auprès de mes épaves, Sur les fonds sablonneux retenus par des blindes, Qui dans leur dignité, grands désossés se guindent Jouant les fiers-à-bras, ces squelettiques braves.
Impudiques, sans voile, ô mâtures pleureuses ! Les yeux dégoulinant d’encres libidineuses, Tous mes poèmes sont pareils à ces épaves :
Débris vides de sens, fantomatiques bières En guise de gréements, les ifs des cimetières ; C’est le seul ornement qu’offrent mes veines caves.