La pluie est lente comme un vieillard Qui n’aime plus ses années, La terre exhale vers le haut une vapeur noire Pour chercher au ciel la vérité. Devant la porte, un vieillard me fait Penser à Joan Miró par son visage Ridé, tel un pain de tournesol, stupéfait Devant cet étrange paysage. Un jour vient enfin où il ne pleut pas comme hier, Mais les espaces sont maussades et sombres. Ne pouvant retrouver leurs maisons, les gens errent Comme des apparitions d’ombres. En écoutant la pluie couleur de suie, l’être humain Regarde les gouttes empoisonnées et pense Que tout sera en vain si demain On commence à semer les semences. Dès qu’une coriandre brûlée - par sa senteur - Se fait quelque part de très loin sentir, Personne ne dit : “Il ne pleut plus” - de peur Que la pluie ne revienne pire. Les femmes, ces saintes aux jupes mouillées, Font le signe de la croix Contre le mal pour reprendre courage, Tandis que les hommes lui rappellent leur plantoir Et leur fête païenne “de la rage”.
À la fin, ce vieillard de mon poème, Qu’il veuille bien me pardonner, Je lui souhaite une longue vie calme, Que Dieu l’aime Et qu’une telle pluie Ne vienne jamais le tanner.
* * * L'auteur de ce poème en langue bulgare est IVANKO NIKOLOV (1933 - 2002).
Recueils de poèmes en bulgare : - Post-scriptum (1992), - Tant qu’il pleuvait dans mon vieux cahier (1995), - Atelier (1996), - Ciel lacustre (1996), - Reflets invisibles (1998), - Poésie lente (1999).
Et en français : - Surtout (1996), - Paroles de cyprès (1997).
Roman : Moi, Ilyou le Voïvode (1997 et 1999).
Traductions du russe en bulgare des poèmes de Sergheï Esséni - Moscou des tavernes ou mon Sergheï Essénine (1996), - Un fils de chiens (2001), - Le Verbe terrestre m’appelle (2002).