Prairie de Ciel
À Mihaïl Péchev
J’adore la vie acheminée quelque part très lentement,
Je fauche ma prairie selon la volonté divine,
Et comme il convient à un véritable paysan,
Je ne rivalise ni avec l’être humain, ni avec la fourmi.
Mais je comprends que quelqu’un compte mes pas sans cesse,
Lui seul pour lui-même s’étant approprié
La volonté de Dieu,
Subitement, devant mes pieds,
Il jette sa pierre afin de casser
La branche de ma vie du pieu que j’avais enfoncé
Et qui a même des feuilles.
Revenu de nouveau à moi, j’entends crier
La crécerelle en extase,
J’entends sa voix sur le fil d’or
En train d’enfiler les espaces profonds,
Et crucifié entre deux abîmes,
Je prends ce fil et je pars pour arriver à temps
Là où tout n’est que tout autour,
Car le haut et le bas s’y confondent.
Et lorsque la voix de l’oiseau
Finira de filer son fil d’or, moi, très fatigué,
Je m’assiérai sur une fourchée d’oseille
Argentée avec du pain et du sel,
Avec un lit pour aimer et avec un bâton brûlé un peu
Pour trouver les gués
Et pour aller en quête de la lumière
Dans une prairie de ciel.
Mais puisqu’un fauchage céleste m’attend,
A vous dire franchement, je vous abandonne à celui-là
Qui comptera vos pas dans vos propres prairies,
Et si un beau jour vous décidez de venir au firmament,
Venez faucher avec moi et puis poursuivre notre causerie.
* * *
L'auteur de ce poème en langue bulgare est
IVANKO NIKOLOV (1933 - 2002).
Recueils de poèmes en bulgare :
- Post-scriptum (1992),
- Tant qu’il pleuvait dans mon vieux cahier (1995),
- Atelier (1996),
- Ciel lacustre (1996),
- Reflets invisibles (1998),
- Poésie lente (1999).
Et en français :
- Surtout (1996),
- Paroles de cyprès (1997).
Roman : Moi, Ilyou le Voïvode (1997 et 1999).
Traductions du russe en bulgare des poèmes de Sergheï Esséni
- Moscou des tavernes ou mon Sergheï Essénine (1996),
- Un fils de chiens (2001),
- Le Verbe terrestre m’appelle (2002).