Racines
Notre nom fut gravé par les traces
Des premiers chevaux au galop.
Mais les racines d’avant l’Ancienne Thrace
Demeurent dans nos âmes, dans le sol et les eaux.
Une impulsion puissante fait pousser les chênes,
Les pins, les bouleaux et les hêtres dans nos bois.
Les peupliers touchent le ciel, les viornes sereines
Nous invitent, les pins épurent l’air qu’on boit.
Les arbres vivent en liberté,
Et - tels les êtres humains -,
Lorsqu’une hache les menace,
Ils pleurent sans solliciter la grâce...
Puis, chaque tronc blessé, soudain,
Se redresse et les branches repoussent de plus fort.
Durant les siècles, nous avons résisté.
C’est donc depuis toujours notre sort.
Unis dans les malheurs de l’Enfer,
Nous avons survécu à d’innombrables orages,
Car nos pieds sont plantés dans la terre,
Dans le sol saint, tandis qu’en rêves
Nos pensées percent les univers et les âges...
Je m’incline devant ceux
Qui résistent dignes et fiers.
Février 1982
* * *
L'auteur de ce poème en langue bulgare
ÉLÉNA POPOVA (1936) est une femme de Dobritch, Bulgarie.
Oeuvres publiées:
Recueils poétiques en langue bulgare :
- Silence dans la forêt (1992),
- L’âme inquiète (1998).
Parution bilingue, français et bulgare :
- dans "Les Lettres Bulgares", vol. 1, 1997,
- L’âme inquiète (Sophia, 2000), coll. “De la Source Pure".
Essais et nouvelles en langue bulgare :
- Des fleurs pour l’instirutrice (1992),
- Aveux (1993),
- Pour obtenir le pardon (1995),
- Entre les couches du Temps (1999),
- Le fleuve des souvenirs (2000),
- Galerie de graphiques de mots (2001),
- Mes contemporains (2002).