Fallait-il que je crois sans le voir de mes yeux Les propos rapportés par mes gens en ces lieux ? Etait-il possible qu’un guerrier inconscient Soit venu en ce jour affronter Léviathan ? Ne te l’a-t-on pas dit ? N’es tu pas prévenu ? De toutes choses Léviathan est resté invaincu. Sais-tu même avec quel respect les Dieux invoquent Le monstre sanguinaire qu’aujourd’hui tu provoques ? Qu’attends-tu ? Dis-le moi. Comment te raisonner? Ce combat improbable, que vas-tu en tirer ? Crois-tu qu’en voyant ton épée il prendra peur ? Penses-tu vraiment que dans sa grande fureur, Léviathan, par un seul adversaire entrepris, Déclarera forfait et te sera soumis ? N’a-t-il pas autrefois balayé des armées ? Avec quelle arme, quel coup espères-tu l’effrayer ? Par quelles chaînes divines retiendras-tu captif La seule bête sur Terre qui de son coup de griffe A ouvert des brèches qui font trembler le monde ? Quelque soit l’ambition sur laquelle tu te fondes, Quelques soient ton courage, tes puissants sortilèges, Quand bien même Léviathan fût-il pris dans ton piège, Qui prédirait de ce monstre la réaction ? Va-t-il crier pitié ? Te demander pardon ? Crois-tu qu’il feindra des larmes de repenti, Ou qu’il se courbera aux pieds de l’ennemi Qui aura mis fin à sa puissance déchue ? Ne sais-tu pas plutôt qu’au moment attendu Où de ta frêle épée tu lèveras la lame, Léviathant, roi des mers, assassin, monstre infâme, A l’instant même de passer dans l’autre vie D’un seul coup aux Enfers te prendra avec lui ?