On dit que les fusils ont un regard d'acier Si noir si profond Qu'ils dévisagent leurs proies tels des aigles royaux L'oeil fixe impassible et froid
On dit aussi que leurs cris secs et perçants Imitent le chant du ciel rouge de colère Eclairs foudres tonnerres Orage que chante la guerre
On dit aussi que leur mère patrie Est celle où les combats et les batailles Se déroulent ainsi que des grands tapis rouges Qu'elle est terre promise aux milliers de gisants
On dit encore que les mains qui les portent En leur noyau d'étoile à cinq branches Détiennent le sceptre de la puissance Et le pouvoir de dire "adieu"
Pourtant
Certains d'entre eux ont le corps sculpté de souvenirs De petits traits verticaux en signe de commémoration Entailles de remord encoches du regret A la mémoire de ces braves inconnus Ennemis anonymes Qui n'ont point de tombeau Et qu'ils ont combattus