J’ai dévidé le Temps sur l’écheveau de mes jours Et mon cœur en passant en a tissé l’Amour. Au printemps de ma vie, le fil trop ténu S’est brisé bien souvent lorsque je l’ai tenu.
Avec des fils d’argent, j’ en ai bâti la trame De l’Amour que l’on brode, dés que l’on devient femme, Et si le fil parfois a scié mes doigts trop gourds Je l’ai serré très fort pour qu’il tienne toujours.
Quand l’automne s’est dressé en sa rousse splendeur, Un fil s’est emmêlé tout au fond de mon cœur, De l’écheveau de mes rêves, il est tombé soudain,
Laissant un peu de sang qui a taché ma main. Pour en voiler la trace, j’ai tissé l’Amitié : Des fils d’or, en ma toile, alors, se sont gravés.