C’était je m’en souviens une nuit d’été noire Nous étions une équipe impromptue de fêtards Près de Pensier l’hameau dans une vieil oratoire Filles et gargons cousus à siffler du Ricard
Autour du lieu sacré dans les thyms des garrigues Les grillons harcelés par la beauté du soir Des cricris en donnaient à nous frémir les gigues Puis des élans du cœur à trembler nos gueuloirs
La barrique donnait aussi à boire Et Marlène la belle égérie distinguée Tournait le robinet qu’un piteux entonnoir Dans sa main si gracile faisait si mal fringué
Nous faisions libations alors que la nuit tendre Répandait dans son air des odeurs de jasmin Et j’étais là très beau appliqué à attendre De Marlène ses yeux au détour du chemin
Marlène appuyait fort sur les bouteilles veules De sa beauté souillée encore resplendissaient Ses diamants verts aimants qu’elle aurait voulu seule Caresser sur mes lèvres moi qui les brandissaient
Ce drame en quelques actes déroulait ses fadaises Des potes éreintés gueulaient sous l’infect abreuvoir D’autres filles flirtaient sous l’effet de quelques aises Que des absinthes glauques laissaient un peu déchoir
Puis soudain dans la nuit dont je vis les ténèbres Je dévalais le pré passant au laminoir Chialant comme un gamin et gueulant de funèbres Prophéties déprimées comme des éteignoirs
J’avais les sens épars fracassés sur la mousse Quand Marlène dévala en hurlant des mots fous Puis elle colla ses lèvres poussées par quelques frousses Sur les miennes en roulant sur mon corps archifou