Tu t’élançais jadis dans mes bras pour te pendre Portée par la passion à mon cou t’arrimer Et nous étions tous deux seuls au monde à entendre Depuis nos cœurs si fort cogner le verbe aimer
Tu dessinais aimante sur la chair de mes lèvres En les frôlant à peine les effleurant du doigt Tes intentions charnelles et tes rêves de fièvre Que nous pensions si fort toi et moi à mi-voix
C’est moi qui étais venu le premier pour te prendre Le bleu de ton regard par mille feux constellé Car belle tu étais si belle qu’on puisse tendre Sur la porte de nos sens enflammés des scellés
Je voyais tes mirettes comme on voit des lagunes De Venise ou d’ailleurs et leurs cordons tiraient Sur mon cœur étiré pour ton cœur une à une Les promesses d’amour que leurs sillages ornaient
Ce voyage d’amour nous donna bien des noces Que nous fêtions tous deux tendrement tant de fois Puis il fut dans notre vie d’autres tourments précoces Qui vinrent à pas de loup tenter quelques effrois
Je plongeais dans tes yeux aussitôt et l’écume Que tes larmes soudaines sur mes joues répandaient Caressait notre peau comme une tendre brume Et nos démons d’amour de nos amours scandaient
Nous nous amusions tant tout au long des semaines Dans quelques brasseries où nous prenions nos pots A glisser sur le cuir chic et sot nos fredaines Simples écarts d’œillades et quelques doux bécots
Aujourd’hui il est loin l’épais faisceau du phare Qui traversait la nuit de notre ardente plaie Mais il est toujours là l’amour dont on se pare Le même inclassable notre amour en roseraie