Une grande famine autrefois accablait La lointaine province où la faune régnait. La sécheresse étant la cause de leurs maux, L'eau rare était stockée par tous les animaux Dans une citerne farouchement gardée. Avec beaucoup de mal, chaque bête assoiffée D'une maigre portion devait se contenter, Sans quoi elles mettaient leur survie en danger. Mais une créature, un soir, n'y tenant plus Lasse de se priver, menaça le salut De tous ses compagnons, en se rendant de nuit Pour se désaltérer, au fond même du puits. Conscient de son méfait, condamnant tout le monde L'être s'y abreuva, but la moitié de l'onde. Le forfait découvert dès l'aurore suivante Jeta sur les bêtes un souffle d'épouvante. Elles questionnèrent le veilleur en faction Mais Renard protesta contre l'accusation Clamant qu'il n'avait pas, à la proximité De l'onde pure et fraîche, un instant succombé. Qui pouvait donc être l'auteur de ce délit ? Vraiment, on ne pouvait le laisser impuni ! Il fallait un coupable, ainsi chaque regard Presque instantanément, se posa sur Renard "Qui, dans son intérêt, nous a mis en péril ? Rusé, sournois, vicieux... coupable, est le Goupil !" Fut alors proclamée la sentence finale : Exclu à vie de la société animale Le malheureux Renard, sommé de déguerpir Sans eau ni provisions, ne pouvait que périr. Il ne fut retenu qu'au tout dernier instant, Par la foule ahurie reconnu innocent Car l'agneau annonçait de sa petite voix : "Renard n'est pas fautif ; le coupable, c'est moi".
Rumeurs et aspects sont sources de préjugés Souvent considérés tels des faits avérés Méfiez-vous de l'avis qu'a la majorité : Car elle peut avoir tort et vous influencer.