La nuit se démembre La ville se décompose Les gerçures de décembre Embrassent le marbre des roses…
Les lampadophores sont des aveugles dans la nuit Ils ont des voix d’orgue qui transpercent les murs Fardés de poudre froide, et c’est ainsi qu’ils prient Poursuivis par des chats aux yeux de métal pur
Depuis une chambre lépreuse, je suis et je suis Ce cortège d’ombres qui danse des danses épileptiques Je suis et je suis depuis cette chambre phtisique Ce poète aux yeux noirs et au regard noir de suie
De la pluie et du sang, de la pluie et du sang Suintent dans les veines et dans les gouttières Et j’ai vu, je vous le jure, des chancres sur les fougères Et des squames sur de beaux visages innocents
La nuit se déhanche La ville se déforme Les caresses de dimanche Embrassent les morts qui dorment…
Les jours crèvent, le calendrier se déchire Les ampoules dans le ciel commencent à se rafraîchir Les floraisons moites tombent de la crête des montagnes Et s’en viennent reverdir les immondices de mon bagne
Tous les livres du monde, et les ordinateurs Ne peuvent désormais plus rien m’apprendre Demain matin j’ai décidé de m’aller pendre Afin de rejoindre mon maître et ma petite sœur
Enfin la lune est ocre, et les corbeaux sont bleus L’herbe est de couleur mauve et tout le reste est gris La devanture des cinémas et des cafés prennent feu Et seul demeure l’azur des yeux de Louise Chéry