Je me fane comme une cigarette Mon coeur d'airain me pèse Mes cris ont perforé la sphère J'ai pleuré toutes les étoiles du ciel d'hiver
Mes prunelles obscures ont teinté ta peau J'ai dans la gorge un sempiternel sanglot Ma voix aux résonances de vieux piano T'ont dit des je t'aime de toute beauté Mais mes bras frêles qui tremblaient comme l'automne Mes cheveux au parfum de tes reins Mes phalanges brisées par ta grêle Et ma langue rouge aux écailles de rose T'ont dit des caresses aux creux des nuits moroses Ma mémoire mouillée par tes larmes Mes tympans peuplés par tes cris Mes paupières ruinées par tes nuits J'ai foulé les paysages oniriques de tes yeux
Mes jambes cassées par le temps Mes paumes blanches tâchées de chloroses Ma peau blême aux deux-cents saisons pluvieuses Ma bouche dont l'antichambre est sursaturée de mots T'ont dit les vers d'un amour immortel Mais mon âme aux douleurs de tes pâles matins Mes rêves maculés de ton sang Et ma folie naissante au solstice d'été Et ma mort lente au pied d'un chêne sans vie J'ai été me pendre aux branches de ton corps