Des voix chaudes et plaintives Montaient et remplissaient l'espace, Elles avancaient au rythme des tambours, Rauques mélopées venues du fond des mondes. Animées de la puissance de l'esprit, Elles enroulèrent et arrachèrent le corps à la terre. Porté par les sons étirés, Il marchait et se balancait. Du tourbillon de la tête Surgirent des feux dévastateurs, Des éclairs fulgurants et meurtriers Allumèrent de leur éclat l'obscurité. Les hommes frappaient dans leurs mains, Criaient,accéléraient la cadence, En avant,en arrière,en avant, Un tour,un cercle,un retour, La courbe ondoyait toujours plus rapide, Le corps tressautait au son infernal, Il flanchait,se rattrapait Puis se rejetait dans la fournaise. Un moment adossé à la froideur de la pierre, Il sentit l'immense solitude Puis repris dans les méandres des appels chaleureux, Il se remit à tourner, Ivre de sa liberté, Affranchi de tout, Touché par la présence, Il ne put résister S'abandonna et sombra Dans l'abîme de lui-même.