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Olivier AUGE

Habitants de la nuit

Voyez les horizons de nos villes endormies
Quand les trottoirs se vident et que les nuits s'éveillent.
Ne sont-ils pas plus vrais en ces heures d'accalmie
Quand la rue nous regarde épouser son sommeil?

Poète! Oui toi, maladroit, avec ta bouteille,
Toi, l'homme érrant qui a le ciel noir pour maison,
Souvent le crépuscule a séduit tes oreilles
Quand tes yeux, face à lui, retrouvaient leur raison.

Qui te connait le mieux? Est-ce le jour bruyant,
Préssé par les humains, ou le silence notcturne,
Libérant le sol de ses mensonges fuyants?
Toi, le témoin du temps, ton dieu c'est l'anti diurne.

Voyez les horizons de nos villes endormies
Quand les réverbères pleurent leurs lumières stoïques.
Ne sont-ils pas plus vrais en ces heures d'accalmie,
Le long de murs muets et de ruelles obliques?

Poète! Oui toi, qui a l'exile pour identité!
Toi, le clandestin que la Lune reconnait,
Le soir habille les ombres de ton antité,
Prennant quelques étoiles pour unique monnaie.

Qui te nourrit le mieux? Le jour sans évasion,
Ou l'atmosphère tardive qui te cache et te veille?
Souvent le crépuscule a séduit tes oreilles
Quand tes yeux, face à lui, retrouvaient leurs passions.

Voyez les horizons de ces villes endormies
Quand les trottoirs se vident, quand les réverbères pleurent
Ne sont-ils pas plus vrais en ces heures d'accalmie?
Quand la rue vous regarde sentez vous votre coeur?