Tu ressembles à ces femmes, D'une beauté ancestrale Dont les statues parfois, Surplombes les pierres tombales. Elles se tiennent, pleine de grâce, Au milieu des tombeaux Pour suggérer la Vie qui existe plus haut.
Malheureuses innocentes, Prisonnières de la pierre, Elles demeurent indolentes, Accablées mais légères.
Elles se taisent et acceptent Tous leurs maux toutes leurs peines, En inclinant la tête Vers les anges et l'Eden.
Dans leur souffrance sans fond, Dans leurs silences profonds, Elles sont nobles et sincères, Emouvantes et lunaires.
En ces charmes en ces traits, Moi seul te reconnais: Tu es vraie et subis Les caprices de ta Vie!
Parce que tu as aussi dans tes tripes et ton âme Cette intime ressemblance qui figure ton drame. Et si dans ces cimetières elles transcendent les humains, Tu es au quotidien plus vivante que chacun. …
N'ayant pas de parure et encore moins d'armure Tu fus pour les requins un trop facile butin. Tu enfouis ton cœur pur sous les plaies des morsures, Pour préserver ton sein des vices de tous ces chiens.
Aujourd'hui tu te perds Dans le flot noir des rues, Ne te retrouvant guère Parmi tout ces gens crus
Et les roses de ton cœur, Si souvent mutilées, A cause des vielles douleurs, N'osent plus se déplier.
Je respire en moi-même la blancheur de tes peines: Semblable aux pleurs aigus Que poussent les nouveaux nés, Ton âme qui s'exténue Explose de vérité.
J'aimerai tant essayer d'unifier tes pensées! J'aimerai tant essayer de te réconcilier! Si seulement tu acceptais de ne plus te brimer.
Le bonheur est un droit: Ne t'éloigne plus de toi.