Aimez-vous la forêt ? Souvent, je la visite Et en toute saison : en hiver, en été. J’aime toutes les bêtes qu’en son sein elle abrite. La forêt est un lieu que je ne puis quitter.
Ce n’est pas une forêt où pousse l’olivier, Vous n’y trouverez pas la lavande ou le thym Mais plutôt de vieux chênes, hêtres ou marronniers Et qui j’ose espérer seront encor là demain.
Vous y verrez souvent de fripons écureuils Aimant se faire la course ; on y voit aussi Aux lieux plus reculés de bien mignons chevreuils, Fines bêtes sauvages au minois si joli.
Mais vous me connaissez, j’ai l’œil qui repère Les petits escargots ou bien les limaçons, Les travailleuses fourmis et même les vipères : Toutes bêtes utiles chacune à leur façon.
Dans cette belle forêt, le temps semble arrêté. Qu’y avait-il de plus au temps des Rois de France Sinon plus de feuillages et moins de sentiers, Cavaliers hommes peut-être de plus belle apparence ?
Lorsque tombe la nuit, elle devient mystérieuse. Il n’y a rien de tel pour vous donner le frisson ; Le jour, elle est jolie, calme et radieuse ; Le soir pourrait-on voir quelque apparition ?
Désertée par les hommes, serait-elle menaçante Avec ses ombres folles, ses arbres et ses bruits, Serait-elle devenue une forêt sanglante Comme revanche sur ses bois que l’on met en charpie ?
A l’heure où la lune brille, deviendrait-elle un loup Pour l’homme qui s’est perdu et marche à l’aveuglette Ou rien de tout cela, ne serait-ce que nous Les hommes qui nous mettons ces choses là en tête ?