Il est une saison que j’aime et qui angoisse La plupart des vivants qui ne l’aiment pas trop Et voudraient bien alors que très vite elle se passe : C’est la saison des neiges, des luges et des traineaux.
Il est une saison qui après cet automne Revêt la couleur pâle de la mort toujours crainte ; Il est rare en ce monde qu’il y ait une personne Qui l’accepte gaiment sans siffler une plainte.
Pourtant, c’est beau l’hiver et sa calme froideur Loin de l’été tumulte et du soleil de plomb Lorsque les belles prairies ont perdu leur verdeur Et que tous les grands champs ne sont déjà plus blonds.
Pourtant, c’est beau l’hiver lorsque l’arbre est privé De son feuillage roux ; Enfin il est à nu : Il ne cache plus rien, il ne peut pas tricher, Il montre ce qu’il est : cette face inconnue.
Pourtant, c’est beau l’hiver au détour d’un chemin, Tout recouvert alors d’un blanc miraculeux Et que curieux soudain l’on prend dedans sa main Et qui nous rend alors quelquefois très joyeux.
Pourtant, c’est beau l’hiver quand la cheminée fume Dans la maison au loin et que les hommes alors Se tiennent bien au chaud pour éviter le rhume Tandis que dans la nuit le vent se fait plus fort.