Ah! l’horrible animal qui rampe sous la terre : Long, visqueux et mou qui nous vient de l’enfer, Chétif oligochète, affreux ver aux anneaux Qui se tortille gras nu et sans oripeaux. Il n’est point en ce monde d’animal moins beau Qui nous fait sursauter et tant nous désespère.
Triste sire sans yeux au vilain corps difforme, Dès que l’on l’aperçoit, on voudrait une gomme Pour effacer la bête hideuse à effrayer Tout un chacun qui passe, aussi le jardinier Car l’horrible machin collera à ses pieds, Sorti de nulle part avec sa drôle de forme.
Car vous êtes la mort sous ce masque modeste : Monstrueux annélide, êtes pire que la peste. Fuyez femmes et hommes quand vous voyez sortir Ce petit être infâme, attendez-vous au pire! Le vieillard le sait bien et pousse son soupir. L’écraser ? impossible ! Quelque chose de lui reste.
La mort vous aura tous et vaste est son empire ; Sous les grands cimetières, elle rampe son avenir Et mange l’animal, l’être humain et la fleur. Son royaume en ce lieu est de peine et de peur, Elle éteindra la vie et la noiera de pleurs Et le hideux lombric se tordra de rire.