Un serpent austère et envieux Ne comprenait pas bien pourquoi Tant d’animaux ne l’aimaient pas Et préféraient le corps tout vieux De la tortue qui trainait là.
"Comment se fait-il que tu plaises Quand moi le rejet je provoque, Je trouve les bêtes bien loufoques, Cela ne me met pas à l’aise.
Nous sommes pourtant des cousins : Toi, dessous une carapace, Moi, rampant quand je me déplace : Tous les deux de bons reptiliens.
Ta tête à la mienne est semblable Mais de taille est la différence : On apprécie ta nonchalance, On me prend pour un misérable.
Quand je parais, je leur fait peur Et tu t’attires la sympathie, Tous les animaux sont ravis Et tu fais battre bien des cœurs.
Est-ce ma faute si ma langue sort, Si je me tortille sur la terre, Si mon apparence est sévère Et qu’on me craint comme la mort ?"
"C’est que, répond la tortue sage C’est ton venin que chacun fuit, Ta méchanceté qu’on vomit, On n’attire pas avec la rage !"