Dans le métro désabusé, Mille têtes renfrognées Comme si elles avaient enterré Un être bien aimé, Attendent dans le vide, Le regard plein de rides.
Dans le métro de la tristesse, Au coude à coude dans leur détresse, Jamais un mot ne s’adressent ; Serait-ce donc par paresse Ou plutôt par indifférence Dans ce village de France ?
Dans le métro de la bêtise Où le sourire n’est pas de mise Et où la joie n’est pas permise, Perdu dans une ambiance de crise, Pas un n’abandonne sa place Sans faire une affreuse grimace.
Dans le métro triste et glacial Dessus des sièges vieillots et sales Ou debout, pliés, plutôt mal, Ils soupirent, ils toisent ou ils râlent, Le cœur perdu dans l’habitude De ces heures de folle solitude.
Dans le métro, les solitaires Dans leur petit cocon se terrent, Les yeux dans leurs jeux planétaires : Un endroit calme, un vrai désert Tandis qu’au fauteuil d’à côté, Le cœur d’un d’eux s’est arrêté…
Dans le métro, des gens gâtés Qui se croient plus ou moins ratés Dont les pas sont souvent hâtés, Qui ont la bonté déserté, Voient en égoïstes, tranquilles Toutes leurs stations qui défilent.
Dans le métro de leur vie terne Où l’altruisme est en berne, Où la porte aux autres ils referment, Le cœur blasé sec et ferme, Ils voyagent inutilement Dans leur petit monde-néant.
Dans le métro, où est poète Qui secouera ces pauvres têtes, Qui éclatera d’un rire bête Et qui mettra un peu la fête ? Où est le clown ou le martien Qui réveillera ces terriens ?