Quelle description suggestive ! Quelle suggestion digestive !
Quelle phénoménologie D'un glairon laideron qui gît Immonde, épais, et flasque, et mou, Qui force respect et dégoût, Qui force ma lèvre à la moue!
Qui gît en sa coque bivalve, Qui toute sa vile vie bave, Qui porte un crépi granuleux Sur son dos, son ventre hideux !
Laideur nacrée en son revers, Monstre consacré par tes vers, L'huître, tout comme ces derniers Recèle son secret sacré :
Un cristal de beauté baroque; Perle irrégulière en sa coque, D'un aspect presque rond, oblong, Repose alanguie, paresseuse, Au fond de la coquille creuse, Comme une âme en un violon.
Et comme en l'huître, en ce poème, J'ai vu luire un joyau marin, Comme le soleil luit, lui-même ! Ah ! Mais lire Amélie qui sème, Egrène ces vers que l'on aime, C'est déjà l'aimer elle, un rien.