L'obscurité s'étend timidement sur la brousse. Le vent caresse langoureusement l'herbe rousse. Moribonds, des rayons s'étiolent, éphémères, Ultime soubresaut d'une arrogante lumière.
L'esprit vagabond, le regard empli d'amertume, Je plonge en mon âme. Les rêveries que j'exhume Profondément me troublent, brandissant l'espérance De voyager au loin, onirique délivrance.
Tapi dans les broussailles, en attendant mon heure, Je brûle d’impatience d’embrasser l’ailleurs. Je rampe vers le rivage, et grée une bouline, Me laissant emporter vers des côtes opalines.
Goûtant l’ivresse de l’inconnu, je déambule. Fier, dominant les coteaux en proie au crépuscule, Un cerfeuil se dessine. Humant l'ombellifère, Je contemple l’onde, aux pâles reflets aurifères.
Une fraîcheur tellurique, m'enserre, tactile, Frissons nostalgiques de ma terre peu fertile. Ainsi s’évaporent mes illusions diurnes, Me laissant à la merci de mes regrets nocturnes.
L’aube répand son manteau lumineux. Sans mot dire, Il éclaire cette terre qui m’a vu grandir, M’a bercé de charmes invisibles. Désormais, Amer, je rêve à ces lieux que je n’ai su aimer.