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Olivier PANTANI

Jeu de miroir

Des bruits de pas résonnent, lourds et convergents,
Trouble harmonie, chaotiques mouvements
Qui martèlent le sol poussiéreux, suintant
Sous la chaleur moite d'un souffle haletant.

Là, un troupeau se forme, informe silhouette.
Sous mes yeux, des corps s’amalgament et s’entassent,
Verticaux, consentants, grégarisme fugace
D’une faune interlope vaguement esthète.

Leurs regards s’unissent, pupilles dilatées :
Un grand œil torve, pétri d’inquisition,
Fixe un tableau d’une bovine expression.
Il viole sans sourciller mon intimité.

S’approchant impudique, l’iris se dessine,
Déclinant mille nuances insoupçonnées,
Concentrique assemblée de pigments variés,
Dansante aquarelle de colorées ondines.

Les cils, délicats pinceaux, détrament la toile.
Le regard se décille, consumant son voile.
Je me dilue dans la fixité de cet oeil.
Nature morte, je demeure sur le seuil.

Trait par trait, la toile vierge devient matière.
Les teintes se mêlent et s’accouplent.
Naissance D’une flamme frêle et incandescente.
Enfance Dorée d’un visage sculpté par la lumière.

Au centre, une bougie lentement se balance.
Sa clarté se répand de l’aube au crépuscule,
Inondant de ses immatériels tentacules
L’orée du tableau. Radiale évanescence.

Lumineuse agonie drapée dans une main
Enfantine, farineux linceul d'où émanent
Les lueurs caressant cette peau diaphane,
Translucide épiderme indiciblement fin.

Ultime entrave à cette fluidité diffuse,
Lacérant l’écoulement du flot diffracté,
Ses cheveux s’enveloppent d’un nimbe doré,
Qui s'éteint, fuyant vers l’obscurité confuse.

Du blanc jusqu’au noir, de la flamme vers les bords,
La palette s’étend de la vie à la mort.
Du blanc jusqu’au noir, de l’iris vers la pupille,
Le reflet du tableau renaît et s’éparpille.