Le temps d'un battement...
Du haut de ton donjon, forteresse imprenable,
Tu te dresses, déployant ton regard doux et sombre.
Tel un astre naissant, une lueur improbable,
Tu jaillis et frémis sublimant la pénombre.
D'un geste pétri d'une volupté charnelle,
Portant tes mains aux nues impalpables et limpides,
Tu soutiens sans effort la totalité du ciel,
Comme une fière et vivante cariatide.
Une tendre chaleur, fluide et pénétrante,
Ruisselle, sinue le long de ta peau marbrée.
Elle inonde mon âme, sereine et hésitante,
Au rythme de tes lèvres, de ta voix ambrée.
L'alphabet de la chair, d'un soupir enfanté,
Physique partition d'un langage sans signe,
Comble nos silences d'une pesanteur domptée,
Vibrante mélopée, prélude au chant du cygne.
Sous la force des mots, leur morsure innocente,
Une brèche se forme, impudique intrusion :
Ta chrysalide se fend et, comblant mes attentes,
Frêle, à mes côtés, se déploie un papillon.
En moi et malgré moi, en toi et malgré toi,
Amour et amitié se mêlent soudainement,
Unissant leurs caprices, ferveur et désarroi
D’une furtive étreinte, indicible serment.
