Je fus l’enfant qui fugua du camp Ébloui par le beau tapis blanc Engourdi, je marchais dans la neige, Je venais d'où ? vers où allais-je ? Sous mes pieds, crissait le givre ; Étais-je saoul, étais-je ivre ? Le froid glaçait mes orteils, Plus aucun son à mes oreilles. Chancelant, je marchais, je marchais… Devant moi des lueurs étincelaient Infini me semblait le chemin Errerais-je ainsi jusqu’à demain ? Tenir debout, je ne pouvais pas Déjà, je sentais venir le trépas. Mes forces, brumeuse évanescence, Mon corps, épi d’adolescence, Cédaient à une intense faiblesse, Ainsi s’écroulait ma forteresse. Je sentais la mort prendre mon âme Dans mon cœur, las, cessait ma flamme. Est-ce là que prendrait fin ma vie ? Que ma jeunesse me serait ravie Non! je ne perdrai pas tout espoir Je tiendrai encore jusqu'au soir. Je mis mes mains sous mes aisselles Mon souffle devint plus lent et rebelle. Je ne faisais qu'écouter mon intérieur Je vaguais tel un étourdi navigateur. Là, une main ferme me rassura, Mon sauveur me prit dans ses bras : Mon père était là, plus fort que jamais "Tu es sauvé, mon fils, tu es sauvé". Telles furent ses paroles tout heureux. Ce fut calmement,en ami non furieux Qu'il pardonna cette fugue du bivouac.