Dans ses haillons de crasse alourdis, Elle déambulait dans cette ruelle étroite ; Une ruelle encombrée est sale. Ses jambes flageolaient dans sa vieille djellaba sur ses talons tombante. Elle se trainait, elle se trainait, et avec elle, trainaient ses loques. La faim et la soif ravageaient ses entrailles. Son visage, de larmes et de chagrin raviné et de soleil brûlé. Ma foi, me disais-je, serait-ce une octogénaire ? Sa main droite tremblait de la peine d’être tendue Et la main gauche retenait le petit enfant au regard absent, Aux pieds nus et déjà fissurés, Au visage si rêche de n’avoir jamais connu le savon. À peine audible, sa voix murmurait des prières Pour quémander quelques sous ; ah, quelle fortune ! Elle murmurait : « Mon petit a faim, aidez-nous pour l’amour de dieu. Pour l’amour de dieu… » Mais les passants passaient, repassaient sans la voir. Et l’amour de dieu n’y faisait rien. Les regards détachés blessaient même ces murs délabrés. La femme, exténuée, est veuve et sans soutien. L’enfant, souriant malgré son infortune, est orphelin. Mais, de nos jours, il y a de ces froides indifférences Qui, en nous, assassinent toute espérance. Et dans nos cœurs meurt aussi toute compassion.