Peut-être, depuis des âges, j'habitais ici Près de ces rochers cruels balayés Par ces vagues écumantes et impitoyables Sous ce ciel de plomb, ciel des légendes.
Ou peut-être c'est mon rêve récurrent, Un cauchemar de pilleurs longtemps morts Qui sont arrivés en drakkars silencieux Hissant leurs voiles sombres.
Était-ce mes mères, mes pères, et moi Qui ont creusé avec des piques en bois, Qui ont étiré nos muscles tirant des cordes en cuir, Pour ériger ces menhirs effrayants?
Avons-nous courtisé les fées de la forêt, Du sang sacrifié aux fantômes terribles, Tremblé dans nos cabanes de pierre, Notre feu sentinelle gardé?
Enfin nous entendions les moines féroces Arrivés comme des pilleurs sur la mer Apportant leur credo pour libérer le sort De notre pays si craint et si aimé.
Alors nous prions à la vierge Sainte et belle et redoutée, Et balayés par les vagues, encore Les rochers attendent sans pitié.