Ce grand train du néant qui m’arrache à ton âme, C’est l’esclave du temps, c’est l’esclave du vent. Je te vois m’oublier en ravalant tes larmes, Tu m’as presque effacée pour t’en sortir vivant.
Et pourtant tu es là, tu cries et tu m’appelles, Toi l’amour de jadis devenu mon ami, Comme si le passé saignait encore la nuit Dans les fantômes morts de nos âmes rebelles.
Alors nous marcherons côte à côte à jamais, Comme deux alliés ayant connu l’enfer, Puis la mort sonnera, et dans l’ombre de jais, Nous ressusciterons les regards d’hier.
Ceux des adolescents rieurs que nous étions, Lorsque nous ne savions presque rien de la vie, Tu faisais s’envoler dessus la haie fleurie Ta balançoire bleue, là-haut, vers l’horizon.
Ami, toi l’ancien roi de mes larmes d’antan, De mes rires aussi, éclats d’éternité, Ne prends jamais le train qui efface le temps, Regarde nos fantômes, ils ont l’air de s’aimer.