Bien sûr je pourrais vous conter Des histoires d’ombres, de mort et de soufffrances, J’en ai plein la rétine et plein mes tiroirs, Plein mon cœur auquel se confiaient les blessés, De retour des zones de conflit, Plein les fibres de ma blouse d’hôpital, Celle que je portais Pour soigner les corps meurtris.
Bien sûr je pourrais vous décrire L’ horreur des regards éteints Des cadavres gris et glauques Que je ramassais au petit matin Lorsqu’ils avaient lutté de tout leur être En vain Dans leur ultime agonie
Bien sûr je pourrais vous parler Du grand couloir de l’enfer Que j’ai traversé Avant de renaître, Tous ces instants gravés au fer rouge, Oui, je pourrais les décrire,
Mais je préfère écrire LA VIE Crier cette passion brûlante Celle qui renaitra toujours des souterrains de l’infâme, Celle qui flambe d’éclats d’or dans la campagne, Celle qui se répand dans les parfums de fruits et de fleurs, Dans la brume indigo de tous les crépuscules, Celle qui vaincra à l’infini et contre tous les drames…
Viens, toi que j’ai croisé aux souterrains de la mort, Je t’attends dans ma robe de sang et de velours, Allons peindre l’amour avant la nuit, Dans l’eau sacrée de la mer étoilée d’espoir, Tu n’as encore rien vu, rien vécu, rien essayé, Sous le soleil meurtri saignant de mille blessures, Exprime en moi ta fougue comme un rugissement désespéré, Fais trembler les murs du temps, Que ta rivière signe en moi notre dernière insouciance, Notre mirage de vie devant le firmament…