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Parme CERISET

Dans l’indifférence de la rue

On ne peut vivre indéfiniment
perché dans le privilège du confort
avec des œillères et un cache-nez
pour ne pas sentir monter
l'odeur âcre de la misère
et de la pourriture du monde.
Certains matins on se promène
et le vent ramène de plein fouet
le froid, la guerre, la pauvreté
le regard des souffrants
qui attendent sur un trottoir
contre leur chien grelottant
que renaisse l'espoir...
du printemps.
Ce mois-ci
je n'ai plus un sou en poche
car j'ai distribué le peu
qu'il me restait
aux blessés de la vie
que le sort a condamnés.
Je n'en tire nulle gloire et n'attends nul salut,
je n'en parle que pour éveiller nos consciences vermoulues.
Je ne peux plus me payer
tous les livres de mes rêves
mais j'ai trop connu la mort
dans mon sang et dans ma chair
dans les barreaux d'un lit de fer
dans les corps que j'ai portés
après leur naufrage sur la grève
glaciale et aseptisée
des hôpitaux de l'enfer,
oui j'ai trop connu la mort
pour accepter que l'on crève
dans l'indifférence de la rue.