Parfois on entend : « Un poète est mort. » Et on songe à ces univers qui ne naîtront plus, À ces mots qui ne danseront plus, À ces rêves qui ne voleront plus Dans les volutes de pensée, À ces passions qui n’atteindront plus Les portes de Voie lactée, À la façon si personnelle Qu’il avait de voir le monde, À ses pas sensuels Qui arpentaient la liberté Sur les sentiers d’herbes tendres Et les forêts d’éternité Où se dessinaient, éternelles, Rebelles et évanescentes Les ombres de Rimbaud, Verlaine Qui l’attendaient déjà, heureux Sous terre, avec les vers pieux Qui les rongent, Qu’ils récitent toujours, Car rien ne peut venir à bout De l’Art, de l’Aube, de l’Amour. On songe donc à tout cela Et puis on replonge, idiots, Dans le grand bain du quotidien. On songe, on oublie aussitôt Et puis un jour, un arc-en-ciel Et tout renaît à l’Evidence, Au souvenir immortel De l’essentielle Essence... Le poète luit dans la clarté : Il a rejoint le Poème.